De nombreux plaidoyers et manifestes pleuvent sur les candidats à l’élection présidentielle. L’ESS n’est pas en reste avec une vingtaine d’interventions dans le débat électoral.

« Notre pays se trouve actuellement confronté à une situation économique, sociale et géopolitique inédite. Il y a du neuf à construire, de l’espoir à donner, une confiance à restaurer. L’ESS est un acteur de la réconciliation collective et d’une prospérité partagée. Plus que jamais, elle est au cœur de la République. » Non, ce n’est pas un candidat à l’élection présidentielle qui professe cette sentence, mais Jérôme Saddier, président d’ESS France, dans l’éditorial du plaidoyer porté par « la voix de référence de l’économie sociale et solidaire ».

Persuasion et pédagogie

Du côté des candidats, il faut le reconnaître, si l’ESS est plus ou moins citée dans à peu près tous les programmes (à l’exception de l’extrême droite), aucune mesure phare ne la met vraiment en avant. « Ce qui est sans doute le plus grave, considère Marthe Corpet, responsable affaires publiques et animation de réseaux à ESS-France, c’est qu’aucun des candidats ne comprend vraiment comment l’ESS peut infuser et être un levier de transformation de l’ensemble de l’économie, permettant de redonner du pouvoir d’agir aux citoyens et de réconcilier enjeux économiques, sociaux et écologiques.» L’ESS est plutôt vue de manière positive, voire très positive, mais toujours un peu marginale dans un imaginaire économique d’où les coopératives, les mutuelles et les associations sont le plus souvent absentes. Ce constat, loin de décourager les acteurs de l’ESS, les pousse à afficher leurs propositions, à les soumettre aux candidats, long travail de persuasion et de pédagogie qui n’a pas commencé lors de cette campagne et qui ne s’arrêtera pas avec elle.

Salve de propositions

Les employeurs de l’ESS, par le biais de l’UDES, n’alignent pas moins de 60 propositions dans un « Manifeste pour un nouveau pacte social ». Le Mouvement associatif, sous le titre « Choisir l’intérêt général » affiche 13 engagements pour les associations. Et c’est sans compter sur les plaidoyers plus sectoriels d’une dizaine de ses membres ! La Mutualité française promeut 6 orientations pour des protections sociales durables tandis que la fédération des entreprises d’insertion met en avant 5 propositions pour une France ouverte et inclusive. De son côté, la Confédération générale des Scop défend un plaidoyer articulé autour de 4 axes tout en s’appuyant sur la sortie d’un ouvrage collectif La citoyenneté économique peut-elle sauver l’avenir ? sous la direction de Benoît Hamon. Que de choses à lire ! D’où la démarche plus transversale portée par ESS France qui permet à chaque secteur ou acteur de l’ESS de s’adosser à son plaidoyer pour mettre « l’ESS au cœur des transitions écologiques et solidaires » et développer, comme des déclinaisons plus thématiques, ses propres propositions.

Un socle de 6 orientations

« Nous n’avons pas voulu être exhaustif, mais pertinent, explique Marthe Corpet. L’ESS est dans tous les secteurs et couvre tous les enjeux de l’économie française, il eût fallu des pages et des pages si on voulait tout développer ! » D’où un plaidoyer (de 30 pages tout de même !) qui se veut plus un socle politique qu’un interminable programme d’actions. « Nous avons défini six grandes orientations pour dire comment l’ESS est une réponse sociale et solidaire aux enjeux écologiques et sociaux et pour montrer qu’elle a des propositions pour un véritable changement concret et d’ampleur. » La première orientation demande une pleine reconnaissance de l’ESS dans l’action publique avec l’instauration d’un ministère dédié et la présence de référents ESS dans tous les échelons de l’administration (de Bercy à chaque préfecture). Suivent des orientations qui constituent le cœur même du projet et des valeurs de l’ESS : se redonner les moyens de la démocratie, favoriser la conversion de l’économie vers l’ESS, offrir un « pouvoir de vivre » pour le plus grand nombre et engager une véritable transition écologique sociale et solidaire. Une façon de dire que l’ESS dispose bien des réponses, si ce n’est des moyens de leur mise en œuvre, aux crises démocratique, économique, sociale et écologique auxquelles nous sommes confrontés. Pour finir, le plaidoyer ouvre sur une dimension internationale en affirmant la portée européenne et mondiale de l’ESS. Au-delà de ce plaidoyer, un véritable travail de concertation et d’interpellation des candidats se poursuit et se poursuivra avec la séquence des législatives en mai et juin. L’ESS s’affiche ainsi comme un modèle qui n’a rien d’utopique. Reste à en convaincre celles et ceux qui, demain, seront aux manettes !

Liens :

« Manifeste pour un nouveau pacte social »
https://www.udes.fr/sites/default/files/public/fichiers/manifeste_udes_presidentielles_1.pdf

« Choisir l’intérêt général »
https://lemouvementassociatif.org/choisirlinteretgeneral-13-engagements-pour-les-associations-fiches/

Plaidoyers plus sectoriels d’une dizaine de ses membres
https://lemouvementassociatif.org/choisirlinteretgeneral-propositions-des-membres/

6 orientations pour des protections sociales durables
https://www.mutualite.fr/la-mutualite-francaise/la-federation/les-contributions-au-debat-public/orientations-2022/

5 propositions pour une France ouverte et inclusive
www.lesentreprisesdinsertion.org/actualites/election-presidentielle-linclusion-fait-entendre-sa-voix

Confédération générale des Scop défend un plaidoyer
https://www.les-scop.coop/system/files/2022-02/Propositions présidentielle22_0.pdf

De s’adosser à son plaidoyer pour mettre
https://www.ess-france.org/system/files/2022-03/PlaidoyerPr%C3%A9sidentielle2022_ESS-FranceVDEF9_0.pdf