C’est un bouleversement que sont en train de vivre les ateliers chantiers d’insertion (ACI) pour financer la formation professionnelle de leurs salariés en parcours. Cela était jusque-ici assuré par l’Opca (organisme paritaire collecteur agréé) Uniformation. Suite au refus de financement d’Uniformation, renvoyant les ACI vers Pôle emploi, une réunion régionale s’est tenue le 27 février en présence du DG national de l’Opca, de représentants de la Direccte et de Pôle emploi. Les acteurs de l’insertion par l’activité économique (IAE) y ont entendu qu’aucun fonds n’était disponible au niveau national pour répondre à leurs besoins de formation.
Uniformation avoue ne plus avoir de solution, après avoir utilisé tous les ressorts disponibles. Le modèle économique des Opca, qui repose sur une cotisation obligatoire indexée sur la masse salariale, ne permet pas de financer les besoins de formation importants des salariés en insertion au pied de l’échelle salariale, en particulier dans les ACI.
Pour l’instant, aucune alternative ne se présente. Direccte et Pôle emploi n’ont pas de solution. Les possibles ouvertures que représente, notamment le plan d’investissement compétences (voir le rapport de Jean-Marc Borello) ne se profileront pas en 2018. L’impact financier sur les SIAE est grand. Pour Halage, à L’Île-Saint-Denis, par exemple, l’aléa est de 350 000 euros…
Les acteurs de l’insertion doivent aujourd’hui réfléchir à des formes de mutualisation, aller frapper aux portes des intercommunalités, des départements, pour mobiliser des fonds de formation directs ou via le FSE. En attendant, l’État leur inflige une injonction paradoxale. « Le budget de l’emploi n’est pas là pour colmater des brèches », avait déclaré J.- M. Borello, prônant un triptyque – employer, former, accompagner – celui-là même que développe les SIAE ! Les bonnes intentions butent aujourd’hui sur la réalité des guichets publics, aujourd’hui budgétairement contraints.