Anne-Cécile Dockès est la coordinatrice générale du projet CoopColoc, conduit par l’association ACLEF, qui permet à des étudiants franciliens d’accéder à des logements à loyers modérés. L’association procède actuellement à une levée de fonds et à un financement participatif.

Comment est né le projet CoopColoc ?

A-C.D. : Ce projet a été lancé en 2014 par des étudiants qui rencontraient des problèmes pour se loger, par manque d’argent ou parce que leur dossier n’était pas assez solide. Il y a tellement d’étudiants à Paris que les logements s’arrachent à prix d’or. Une rencontre avec des bailleurs sociaux a changé la donne : ils ont accepté de nous confier de grands appartements, que nous sous-louons ensuite à des étudiants en colocation. Actuellement, nous sommes en partenariat avec 4 bailleurs sociaux, à Paris et à Ivry. Cela représente 40 logements, dans lesquels sont logés 104 étudiants. C’est une goutte d’eau dans l’océan, mais qui a vraiment du sens !

Qu’est-ce qui vous différencie d’un autre organisme de colocation ?

A-C.D. : Il est très important pour nous d’apporter une plus-value. Dans le 20ème arrondissement, par exemple, une partie de nos locataires sont élèves à Sciences Po et bénéficient d’un loyer modéré en échange d’un peu de leur temps. Chaque semaine, ils donnent en effet 4 à 5 heures à des associations de leur quartier. Autre exemple, dans certains logements, nous avons commencé à expérimenter des ateliers de formation sur les éco-gestes et nous réalisons des petits travaux comme “changer son pommeau de douche” pour économiser de l’eau. Pour généraliser ce dispositif à tous nos locataires, nous avons lancé un financement participatif sur le site Les Petites Pierres pour récolter 10.000 euros. Notre campagne se termine mi-mai.

Cinq ans après sa création, comment s’annonce l’avenir pour CoopColoc?

A-C.D. : Nous souhaitons nous développer davantage en petite couronne parisienne, où les loyers sont plus abordables pour les étudiants. Mais aussi essaimer à Lille, ou encore à Bordeaux où les loyers ont explosé depuis l’arrivée du TGV et où la situation des étudiants est devenue tout aussi compliquée qu’à Paris. Il ne s’agit pas de calquer le modèle qui marche en Ile-de-France, mais de s’adapter à chaque territoire. Pour mener à bien cette stratégie, nous avons estimé nos besoins entre 300.000 et 400.000 euros. Nous sommes actuellement en discussion avec le fonds d’investissement de la Maif, avec France Active et avec INCO pour lever les fonds nécessaires.