La gouvernance démocratique et la coopération solidaire sont certainement les principes qui caractérisent le mieux l’apport de l’économie sociale et solidaire à notre société. En Ile-de-France, 83% des entreprises de l’ESS sont des associations de loi 1901. Leurs statuts et règlements leur imposent de respecter ces principes. Et à fortiori les lois de la République.
Certaines d’entre elles, comme la Coordination régionale des associations de jeunesse et d’éducation populaire, sont agréées par l’Etat pour transmettre les valeurs de la République aux plus jeunes, partant du principe que l’on ne naît pas citoyen mais que l’on apprend à le devenir. Toutes ces entreprises associatives, par leur mode de fonctionnement, par leurs activités, permettent d’expérimenter l’action collective et développent l’envie de vivre ensemble.
C’est donc avec une grande inquiétude et avec une vigilance accrue que nous attendons l’examen par le Sénat, entre le 17 mars et le 8 avril, du projet de loi dit « contre le séparatisme », actuellement débattu dans les assemblées parlementaires. Et c’est avec une détermination sans faille que nous soutenons la campagne du Mouvement Associatif, qui tente d’alerter l’opinion publique sur son inutilité au vu de l’arsenal législatif dont nous disposons déjà pour lutter contre le terrorisme.
Le Mouvement Associatif insiste en particulier sur les atteintes aux libertés associatives que cette loi promet d’engendrer* et sur les confusions et les amalgames qu’elle va entretenir.
Il est en effet surprenant que les associations, qui pour la plupart conventionnent déjà avec les pouvoirs publics pour obtenir les subventions leur permettant de réaliser leur projet d’utilité sociale, soient demain obligées par cette loi de signer un « contrat d’engagement » à respecter les valeurs de la République, sans aucune garantie de réciprocité.
En ces temps perturbés, marqués par la distanciation sociale et physique pour raison sanitaire, déclarer la guerre à des ennemis mal identifiés risque assurément d’exacerber la haine des uns envers les autres.
En cette période où le rebondissement collectif, solidaire et fraternel est tellement attendu, ce n’est pas de cette loi dont nous avons besoin.
Pour nous embrasser à nouveau, commençons par accélérer la vaccination contre le virus. Au lieu de jeter de l’huile sur le feu des relations sociales déjà bien mises à mal.
* Voir la tribune du collectif Libertés Associatives Coalition, signée par le MADIF
Eric Forti
Président de la Cress IdF