La Fête de l’Huma, vous y étiez ? Allez, on rembobine. Nous sommes le samedi 15 septembre. Il est 19h15. Après trois jours de rencontres passionnantes mais éreintantes, la Fête de l’Huma 2019 se termine ! Ou presque… Car, au cœur du Village ESS, il reste une dernière table ronde. L’ultime, celle qui résiste, envers et contre tout. Malgré l’apéro de la CRESS IDF. Malgré la musique qui s’emballe. Malgré les invités d’honneur chez les voisins. Ça tombe bien, c’est celle-là qui nous intéresse : “ESS et territoires, ensemble pour l’intérêt général”. Animé par notre ami Stéphane Guérard, journaliste spécialiste de l’ESS à l’Humanité. On ne pouvait pas rater ça !

Le temps long

La question de départ est claire comme de l’eau de roche. Face aux besoins exprimés par les citoyens, comment les entreprises de l’ESS et les instances territoriales sont amenées à construire des projets communs au service de l’intérêt général ? Jean-Philippe Brun témoigne : “Dans le Val d’Oise, nous avons installé l’ESS en tête de l’agenda politique grâce au temps long, qui seul permet d’obtenir des résultats concrets”, explique le président de l’Adess, l’association pour le développement de l’ESS. Pour preuve, ce territoire de Roissy Pays de France, aujourd’hui labellisé French Impact. Et ces trophées de l’ESS organisés à l’échelle de la communauté d’agglo, qui ont déjà récompensé ici un cabinet dentaire associatif, là un restaurateur d’insertion, et pour lequel les candidatures sont encore ouvertes cette année jusqu’au 30 octobre.

La diversité

Patrick Vassallo, lui, déplace le débat sur le terrain sociologique. Conseiller municipal à Plaine Commune, il insiste sur la diversité populaire qui irrigue les quartier politique de la ville, aussitôt transformés en terreaux d’initiatives multiples. L’ESS est fille de la nécessité, diront certains. Oui à la co-construction, affirme-t-il, et à la commune d’accompagner les projets puisque l’ESS est une réponse pertinente aux besoins des quartiers.

Les communs sociaux

Autre forme de pertinence : les coopératives d’intérêt collectif (SCIC). C’est l’économiste Hervé Defalvard qui s’exprime. A l’Université de Paris-Est-Marne-La-Vallée, il a théorisé le concept des “communs sociaux”. A côté des ressources naturelles et des communs numériques, en effet, il défend une vision de la santé, de la culture, de l’emploi ou encore de la distribution de l’eau, en tant que “communs sociaux” dont la gestion collective assure un accès démocratique. Selon lui, par exemple, rien de mieux qu’une régie des eaux créée sous forme de société coopérative d’intérêt collectif : voilà qui évitera le plus grand écueil de la co-construction, à savoir le travail en silos qui pousse soit à trop de verticalité, soit à trop d’isolement.

La volonté politique

Éric Forti, président de la CRESS Ile-de-France, emmène ses comparses sur le terrain politique. Il faut construire l’intérêt général ensemble, naturellement. Mais les pouvoirs publics ne sont pas à la hauteur des enjeux sociaux et environnementaux. Selon lui, l’actuelle politique nationale de l’ESS est très insuffisante, aucun signal ne permettant d’espérer un changement profond des modes de production et de consommation. Alors oui à la co-construction. Mais il est urgent d’accélérer sur les alternatives.

Triple stand

Solide débat final donc, sur cet incontournable Village ESS de la Fête de l’Humanité, où pour la première fois un triple stand avait été mis en place pour la CRESS IDF, l’Adess et Plaine Commune. Bel exemple de co-construction et de partage.