À l’heure où l’on convoque tout ce que le milieu économique compte comme « success stories » pour sortir les quartiers politique de la ville de la relégation, un petit ouvrage offre une analyse décoiffante. Dans « La Ségrégation urbaine », Ed. La Découverte 2016, les sociologues Marco Oberti et Edmond Préteceille passent au crible l’ensemble des facteurs de ségrégation des catégories sociales dans l’espace urbain.
Ils montrent comment le phénomène résulte de « la logique même de l’économie capitaliste », qui engendre les inégalités de revenus, et donc les inégalités par rapport au marché du logement. Plus originale est leur approche de la politique de la ville, « construction sociale du problème public comme étant celui des seuls quartiers les plus pauvres, masquant le fait que les processus ségrégatifs trouvent leur point de départ dans l’exclusivité des quartiers riches ».
Ce livre invite les pouvoirs publics à intervenir à l’échelle de l’ensemble de « l’espace urbain hiérarchisé par sa production marchande et par les choix d’autoségrégation des classes supérieures ».
En attendant, d’autres acteurs, dans d’autres cadres, réfléchissent au rôle que l’ESS peut jouer dans ces quartiers dits prioritaires. À ce sujet, le RTES (réseau des collectivités territoriales pour une économie solidaire) organisait un séminaire en décembre dernier. Les intervenants louaient les initiatives locales, les « micro-mobilisations » que portent les acteurs de l’ESS dans ces quartiers. Une meilleure articulation des programmes de la politique de la ville avec l’économie sociale et solidaire serait bienvenue.