L’annonce de la remise en cause des emplois aidés par le Gouvernement cet été est brutale. En Île-de-France, quelques dizaines de milliers de bénéficiaires d’un contrat d’accompagnement dans l’emploi accueillis par des entreprises de l’ESS sont concernés. Éloignés de l’emploi, peu qualifiés, fragilisés par la vie, 80 % d’entre eux ont plus de 26 ans et beaucoup, plus de 50 ans. S’y ajoutent 20 % de jeunes en difficulté.
Sans solution alternative, à court terme, comment vont-ils pouvoir continuer à se loger, à se soigner, à vivre leur vie de citoyen ? Eux qui animaient des centres de quartier, travaillaient sur des projets culturels, auprès d’enfants, assuraient les tâches administratives de dizaines de petites structures locales, faisaient tourner des clubs sportifs, oeuvraient dans des établissements de santé, etc.
Il faut aussi rappeler la fin programmée du dispositif emplois d’avenir : 12 000 sont encore en poste aujourd’hui dans le secteur non marchand.
Relayant l’inquiétude de ses adhérents, la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire Île-de-France vous interpelle sur les répercussions qu’engendrerait la disparition des contrats aidés, à la fois pour les bénéficiaires et pour les entreprises de l’ESS qui assurent, avec eux, des missions d’utilité sociale avérée.
L’inefficacité de ce dispositif dans la lutte contre le chômage est le principal argument avancé par le Gouvernement. Mais la ministre du travail elle-même a reconnu qu’un salarié sur quatre trouvait un emploi pérenne à l’issue de son contrat d’emploi aidé, soit un peu plus de 100 000 sur 459 000 sur le territoire national. Selon différentes études, c’est à peu près le même nombre d’emplois que le CICE aurait créés ou sauvegardés, crédit d’impôt pourtant 10 fois plus onéreux que le budget des CAE !
On évoque aussi, à juste titre, l’incapacité relative des employeurs à mobiliser les fonds de la formation professionnelle pour accompagner l’insertion durable des salariés dans ces postes. Mais, alors, pourquoi supprimer le dispositif emplois d’avenir, dont l’objectif principal était justement la formation professionnelle des jeunes chômeurs non qualifiés ou diplômés ?
C’est donc une stricte logique gestionnaire qui pousse le Gouvernement à économiser 2,4 milliards, à court terme, en accentuant les difficultés des plus fragiles. Ce faisant, il menace l’avenir des entreprises de l’ESS investies sur le renforcement du lien social, passablement abîmé ces dernières années.