L’Europe écologique a fait un petit pas lors du scrutin européen, mais l’Europe sociale et solidaire bâtie sur la coopération n’est pas encore visible. Le parti politique en tête du scrutin en France est xénophobe et anti-européen. Quant au score surprenant des écologistes, pas seulement en France, il pourrait n’être qu’un sursaut électoral : celui de citoyens cherchant à se donner bonne conscience en transférant leur responsabilité collective à des députés verts européens, insuffisamment nombreux pour contrer les lobbys capitalistes et financiers.

Certes, nous pouvons nous réjouir d’une forte prise de conscience collective : notre économie a un impact désastreux sur l’écologie. Dans la dernière ligne droite électorale, la plupart des partis en lice ont mis en avant l’urgence écologique en prônant les circuits courts et le développement de la production locale, ce qui pourrait nous être favorable à terme. Mais tout cela n’augure pas encore d’une accélération du changement d’échelle de l’ESS, ni en France, ni en Europe.

L’ESS propose pourtant de vraies solutions aux crises de notre société : la gouvernance démocratique des entreprises, la lucrativité limitée, l’administration des moyens de production par les salariées ou les clients, sont autant de pistes à développer pour transformer notre économie, si nous espérons retarder le réchauffement climatique, préserver la biosphère, limiter l’exploitation des matières premières fossiles et redistribuer plus équitablement les richesses sociales et financières. Ces principes doivent s’ériger en normes pour les entreprises de demain, si nous voulons un avenir européen durable.

Le chemin est encore long et nous n’aspirons pas au repos. Nous continuerons de prouver, sur les territoires, que l’ESS est un levier efficace du changement de paradigme économique indispensable à l’avenir de notre société. Pourvu que les générations montantes s’en emparent, avant qu’il ne soit trop tard !

Eric Forti
Président de la Cress IdF