« Fred prête son vélo à Vanessa, qui donne des chaussures à Lisa, qui garde le chat de Sam, qui repeint la cuisine de Medhi, qui donne des cours d’italien à Flo, qui prête sa perceuse, à Cerise qui donne des cours de guitare à Fred ». L’histoire racontée sur Mytroc.fr. illustre l’activité du site web.
Ici, on échange et on prête des biens – beaucoup autour de l’alimentation et des vêtements – et des services – bien-être, cours… Si on n’a rien à échanger, on « paye » en noisettes, la monnaie virtuelle du site, dans l’esprit de la monnaie citoyenne portée par le Mouvement Sol, dont MyTroc est partenaire. Créée il y a plus d’un an par Floriane Adda et Célia Dulac, la plateforme d’échange a reçu l’agrément Esus en décembre dernier. Aujourd’hui, elle s’enorgueillit de plus de 18 000 utilisateurs, dont plus de 2000 à Paris et en proche banlieue..
Les ravages du tout gratuit
Seulement, il faut maintenant que ce succès génère un minimum de ressources pour permettre de salarier la petite équipe de bénévoles passionnés qui est à la manœuvre. Pas facile quand les internautes ont l’impression que tout est gratuit. Plusieurs pistes sont investiguées : il s’agirait de proposer aux collectivités territoriales, villes avant, tout une déclinaison locale de la plateforme. Toutes les fonctions spécifiques sont imaginables. Partant du fait que 90 % des échanges sont locaux, les concepteurs de MyTroc proposent un web vraiment interactif : sondages sur les meilleurs horaires pour organiser un vide-grenier, cartographie des tiers lieux, agenda des centres sociaux, boîte à idées, service d’objets perdus/retrouvés.
Dans le même esprit, les grosses entreprises pourraient commander le développement de services approchants, à l’usage de leurs salariés.
Réinventant le rapport à la consommation, par le biais du virtuel, MyTroc est aussi un vecteur de lien social, comme le sont les réseaux d’échanges réciproques de savoirs. De quoi ancrer l’économie collaborative dans l’ESS.