Combien sont-ils et qui sont-ils ceux qui aujourd’hui ne touchent pas les aides et prestations sociales auxquelles ils ont droit ? Ces questions passionnantes ont été l’objet d’un après-midi organisé par le comité régional pour l’information économique et sociale (CRIES) à Bercy en janvier. Méconnus, ces publics invisibles alimentent moins les médias que le sujet de la fraude sociale. D’un côté, un trop perçu estimé à 4 milliards, de l’autre, un « pas assez versé » impressionnant, puisque le non-recours au seul RSA constitue une non dépense de 5,3 milliards.

Le non-recours met en jeu un triptyque, les dispositifs d’aide, les bénéficiaires et les institutions qui distribuent les aides, expliquait Amélie Mazé, doctorante. Parmi les facteurs, il y a la méconnaissance des dispositifs, le découragement devant l’ampleur des pièces à réunir, mais aussi « l’offre non proposée », liée à une autocensure des intermédiaires sociaux, face à l’épuisement des budgets, par exemple. La peur de la stigmatisation ou des urgences impérieuses de survie expliquent encore le non-recours qui peut donc être subi ou choisi, comme l’exposait Fanny Tassin, chargée d’études.

 

Le centre d’action sociale de la ville de Paris détaillait ses efforts : amélioration de l’accueil, simplification des démarches, via les SMS, le téléphone, professionnalisation des agents, mobilisation de relais d’information, mise en place d’équipes mobiles d’instruction, etc.
Le travail de fourmi mené par les praticiens, les chercheurs et les statisticiens ne fait que commencer. Le CRIES, présidé par Éric Forti, y prend sa part.