Pendant plusieurs mois, des centaines de milliers de citoyens se sont rassemblés sur les ronds-points pour exprimer leurs colères et leur désespoir face à des difficultés économiques et sociales parfois insurmontables. Des milliers de jeunes ont aussi défilé dans les rues au lieu d’aller à l’école ou à l’université, pour dénoncer l’attentisme et l’immobilisme dominant devant l’urgence écologique.
Aujourd’hui encore, des milliers de personnels hospitaliers se mobilisent également pour préserver la qualité du service public de santé. Enfin, des centaines de milliers de salariés sont en grève depuis plusieurs semaines, pour empêcher le démantèlement des systèmes de protection sociale financés par la solidarité.
A l’évidence, le vieux monde se meurt dans la contestation, violente des deux côtés des barricades, frôlant même dangereusement le chaos.
Mais la désintégration des corps intermédiaires, souhaitée par le gouvernement pour accomplir plus rapidement les réformes jugées indispensables par quelques technocrates, est aussi la conséquence de l’aspiration des citoyens à l’exercice d’une démocratie plus directe, où chacun pense être le mieux placé pour défendre ses positions, tout en refusant désormais d’accorder sa confiance aux élus.
Dans ce monde en constante accélération, nous pensons parfois gagner du temps en court-circuitant la délibération. C’est oublier que ce dialogue est un préalable nécessaire à l’organisation de la décision collective. Mais peut-être confondons-nous l’intérêt général avec l’addition des intérêts particuliers, pour finalement constater que nous avons perdu du temps et que nous contribuons à retarder l’apparition du nouveau monde ?
Dans cette société en complète mutation, les dirigeants de l’économie sociale et solidaire apportent déjà des solutions. Nos compétences en matière de gouvernance démocratique et de coopération solidaire, en particulier, doivent nous permettre d’éviter que les monstres ne surgissent. Plus que jamais, soyons à la manœuvre !
Eric Forti
Président de la Cress IdF