Deux ans après sa création, le dispositif « Emplois d’avenir » (EAV) est en passe d’atteindre ses objectifs quantitatifs. Les quelque 17 300 jeunes franciliens bénéficiaires en sont satisfaits pour la majorité. Pour autant, leur insertion dans l’emploi sera-t-elle durable ? Difficile à dire à ce stade.

Institué par la loi du 26 octobre 2012, le dispositif qui vise l’insertion professionnelle des jeunes et leur accès à la qualification fonctionne à plein régime. Ouvert aux 16-25 ans peu ou pas diplômés, il permet de leur proposer un CDD ou un CDI. En Île-de-France, comme nationalement, le secteur non marchand porte 70 % des postes. Au sein du comité de pilotage régional EAV, présidé par la DIRECCTE, la CRESS-IDF a participé à la promotion des emplois d’avenir dans les entreprises de l’ESS durant toute l’année 2013.
Dans les statistiques franciliennes de l’État, le pourcentage de jeunes issus de zones urbaines sensibles monte à 29 %, contre 18 % à l’échelle nationale. Rappelons que dans ces zones prioritaires, l’éligibilité des publics va jusqu’au 1er cycle universitaire. Côté formation initiale, la région capitale se distingue par un plus fort taux de sans diplômes, avec 58 % des effectifs, contre 41 % pour la France. Le niveau infra V, c’est-à-dire sans CAP ou BEP, concerne 25 % des jeunes en emploi d’avenir, contre 18 % sur l’ensemble du pays.

La DIRECCTE dénombre environ 2500 ruptures du dispositif en IDF, dont 48 % à l’initiative des employeurs. Enfin, les services déconcentrés de l’État ont également évalué les enveloppes financières consacrées à ce programme en 2014, soit 266 millions d’euros.

Trois ans et après…

Comme dans beaucoup de régions, le conseil régional abonde le financement de l’État. Il prend en charge 20 % du salaire brut dès lors que l’association, le groupement d’employeurs, la structure d’insertion par l’activité, la coopérative ou la fondation signe un CDI avec le jeune. Il participe aussi au financement du parcours de formation que l’employeur doit mettre en œuvre.
Nombre de petites associations se sont donc bousculées pour bénéficier ainsi des services d’un salarié à plein temps en CDI, au prix d’un simple stagiaire. On peut logiquement se demander ce qui adviendra de ces jeunes salariés, une fois passés les trois ans de contrat subventionné par l’État et la région. Les employeurs auront-ils les moyens de pérenniser ces emplois aidés ?
Plus généralement, le secteur non marchand recrute davantage en CDD, le secteur marchand en CDI. Au total, en Île-de-France, 57 % des contrats sont établis pour un à deux ans.
La ventilation par employeurs fait apparaître 34 % d’associations, 26 % de collectivités locales, 18 % d’entreprises privées marchandes, les autres structures ESS et établissements publics portant le reste.

Formation, le tendon d’Achille

Rendue public en février 2015, une étude-action de l’institut Schwartz apporte des éléments tant sur la perception des jeunes concernés que sur l’expérience des acteurs prescripteurs. Six monographies sont intégrées au rapport, dont l’une sur le pilotage de la Mission locale Nord-Essonne (Monographie en téléchargement).
La pression gouvernementale pour remplir les objectifs chiffrés a joué sur l’équipe du 91 qui a dû concentrer ses efforts administratifs sur les EAV, parfois au détriment d’autres actions en matière d’emploi. Cette observation rejoint une des critiques portées par les économistes Pierre Cahuc et Marc Ferracci sur les EAV. Selon les deux chercheurs, « les emplois aidés sont une approche court-termiste, inefficace à moyen terme. Ils fragilisent les chances des jeunes d’accéder ensuite à un emploi stable ». Pour eux, il vaudrait mieux renforcer l’apprentissage et les écoles de la 2e chance.
Nombre d’observateurs pointent le problème de la formation. Les petites entreprises isolées n’ont pas les moyens humains et financiers d’élaborer un plan de formation et d’accompagnement. La fragilisation des budgets fléchés par les OPCA pour les EAV est aussi montrée du doigt. Le modèle économique des organismes collecteurs est en effet bousculé par la réforme de la formation professionnelle.
Il serait dommage de ne pas remédier à ces faiblesses, alors qu’employeurs et employés affichent une satisfaction globale. C’est ainsi que le directeur de l’insertion du conseil général 91 commente le recrutement des jeunes en EAV : « on est toujours épaté et soufflé de leur adaptabilité à l’emploi, sur des postes pas faciles, par exemple l’accueil en maison départementale des solidarités, où le tuteur n’est pas toujours là ».

EMPLOIS D’AVENIR
Les chiffres par département
Au 31 décembre 2014, les emplois d’avenir se répartissaient de la façon suivante :
Paris 1912 bénéficiaires, Seine-et-Marne 2132, Yvelines 2071, Essonne 2437, Hauts-de-Seine 1677, Seine-Saint-Denis 2807, Val-de-Marne 2185, Val-d’Oise 2005.