Créé le 18 avril dernier, le Club des Collectivités d’Ile-de-France pour l’ESS a tenu sa première réunion mi-juin, autour de la façon dont le modèle des Sociétés Coopératives d’Intérêt Collectif (Scic) favorise le développement local en intégrant les collectivités à leur gouvernance. Retour sur cet échange avec l’Urscop, l’Union régionale des sociétés coopératives, qui participait à ce premier rendez-vous, aux côtés notamment de la CRESS Ile-de-France.

Pourquoi le modèle coopératif des Scic est-il une opportunité pour les collectivités ?

Florent Chambolle, délégué régional de l’Urscop IDF sur le modèle des SCIC : “Parce que les collectivités peuvent s’intégrer à ce modèle d’entreprise en tant que parties prenantes. En Ile-de-France, il existe déjà plusieurs partenariats entre des collectivités et des Scic, comme au Parc intercommunal d’équitation du Château Bleu, à Tremblay-en-France, qui est cogéré par les usagers, les salariés et les collectivités. Il y a aussi la Coop Bio Île-de-France, à laquelle adhèrent 27 exploitations d’agriculture biologique franciliennes, les départements et les EPCI concernés au sociétariat. Les Sociétés coopératives d’intérêt collectif permettent de décloisonner les politiques publiques en incluant les citoyens, les associations, les collectivités… autour d’un même projet”.

Marguerite Christopol, chargée des partenariats de l’Urscop IDF : “Ce modèle d’entreprise coopérative est un nouvel outil de développement local très apprécié. Rappelons que les Scic, dont le statut a été créé en 2001, fonctionnent sur le même principe que les Scop : une gouvernance démocratique 1 Homme = 1 voix. A la différence près que les Scic permettent d’associer au projet de l’entreprise de multiples acteurs : salariés, bénévoles, bénéficiaires, et bien sûr collectivités. Nous disons souvent qu’une Scic est société commerciale, au cœur démocratique”.

Les Scic apportent-elles des réponses pertinentes aux enjeux d’aujourd’hui ?

F.C : “Les Scic sont innovantes par leur multi-sociétariat, par leur objet social tourné vers l’intérêt collectif, ou encore par leur capacité à contribuer au développement territorial local. Ce sont finalement des structures commerciales inspirées du modèle associatif, qui permettent de combiner des attentes multiples. Prenons le cas de l’AGAPI, un réseau de crèches solidaires géré sous forme de Scic : une crèche en Scic aura 3 associés minimum issus de différentes catégories d’associés, elle ne fera pas de plus-value, elle sera soumise à des règles de lucrativité encadrées tout en répondant à des besoins locaux. L’enjeu des collectivités à se positionner dans le modèle des Scic est essentiel, car les Scic participent au développement local des activités d’intérêt collectif”.

Quelles sont les perspectives de développement pour les Scic ?

M.C : “Il existe 3.311 sociétés coopératives en France, qui représentent 60.400 emplois. Et nous avons observé en 2018 une progression de 14% du nombre de création de Scic. C’est encore peu, au regard du nombre d’entreprises en France. Mais le statut de Scic se développe, notamment dans le secteur des services et du commerce. On observe d’ailleurs un engouement pour ce statut dès la création d’entreprise. Mais l’Urscop n’a pas d’objectif chiffré de création d’entreprises coopératives. Notre mission reste d’accompagner ces créations, afin de participer au vaste mouvement coopératif”.

F.C : “Le modèle des Scic est également inspirant pour le monde associatif. Depuis plusieurs années, des associations souhaitent passer à un autre modèle qui permette de développer le salariat tout en conservant l’implication de leurs employés, dans une société où la lucrativité est encadrée et qui, comme dans un conseil d’administration, donne une voix à chaque salarié. C’est le modèle des Scic”.