3 questions à Michel Abhervé, professeur associé à l’Université de Paris-Est Marne-la-Vallée
Quelles sont les caractéristiques de ces rencontres interuniversitaires de l’ESS ?
Michel Abhervé : Depuis 19 ans, chaque année au mois de mai, les universitaires qui travaillent sur l’économie sociale et solidaire organisent ces rencontres du RIUESS, qui ont deux particularités : elles doivent être interdisciplinaires, ce qui est rare dans le monde universitaire, et permettre la participation des acteurs. Une université est choisie chaque année pour organiser la manifestation : cette année, c’était Paris-Est Marne-la-Vallée. L’an prochain, ce sera Clermont-Ferrand, pour le 20e anniversaire des rencontres. Les universitaires proposent une cinquantaine de communications, toutes vérifiées par un comité scientifique, autour du thème de l’année.
Le monde universitaire nourrit-il de fortes attentes autour de ces rencontres ?
M.A. : Il y a 19 ans, l’ESS était marginale dans l’économie. Les premières rencontres, à Valenciennes, avaient permis de lancer l’une des premières formations en « Économie solidaire », qui avait intéressé quatre universités. L’objectif de ces rencontres a toujours été d’améliorer la connaissance sur le secteur, nous attendons donc un effet « caisse de résonance » et des travaux de plus en plus nombreux, même si nous avons aujourd’hui presque un trop-plein de travaux de recherche autour de l’ESS. Le deuxième but est de confronter les travaux des jeunes chercheurs et de constituer une sorte de comité scientifique pour les 75 formations universitaires que l’on dénombre aujourd’hui, toutes recensées sur le site des RIUESS.
Pourquoi insister sur la rigueur scientifique, dans la présentation des sujets abordés ?
M.A. : Dans le monde universitaire et de la recherche, ce sont les pairs qui évaluent l’intérêt du sujet, la qualité des travaux et la rigueur de la démarche. Ils vérifient que les échantillons étudiés sont représentatifs et que la méthodologie est rigoureuse. Saviez-vous qu’il est faux de dire que l’ESS représente 10% du PIB en France ? L’INSEE n’a jamais publié un tel chiffre. Certes, le secteur représente 10 à 11% de l’emploi, que l’on sait mieux mesurer. Mais la notion de PIB est plus complexe : son calcul valorise les investissements mais pas le bénévolat, ce qui est forcément désavantageux pour l’ESS. Si le poids de l’ESS était calculé avec rigueur scientifique, nous serions plutôt autour de 7% du PIB.